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2/11/2017

La Casbah du vieux Ténès tombe en ruine dans l’indifférence


Antique cité surplombant la façade maritime de l'actuelle wilaya de Chlef, témoin de civilisations et d'influences multiséculaires, de l'ère phénicienne à l'ère coloniale puis à l'Algérie indépendante passant par les règnes arabo-andalous et ottomans, la Casbah de Ténès est en train de dégénérer en attendant qu'un plan de sauvetage la ressuscite.
Casbah de Ténès, Vieux Ténès ou Ténès El Hadhar, comme il plait à ses habitants de l'appeler, qui recèle des monuments millénaires d'une valeur inestimable en proie à moult dégradations, est en train de tomber en lambeaux.
Ces actions se sont en effet révélées insuffisantes pour sauver ces vestiges porteurs de l'histoire de la ville et classés pourtant secteur sauvegardé.
Le ministre de la culture Azeddine Mihoubi qui visitait la wilaya de Chlef en fin d'année écoulée, avait donné son aval pour le financement du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de la vieille Medina de Ténès.
Le chercheur en archéologie et directeur du musée public de Chlef Mahmoud Hasnaoui a tiré la sonnette d'alarme face à la situation de quelque 64 bâtisses et 14 autres sites historiques appelant à une intervention d'urgence.
Plusieurs vestiges menacent de s'effondrer, a-t-il averti citant l'exemple du légendaire Bordj El Ghoula (le fort de l'ogresse) dont il ne subsiste plus que des ruines insignifiantes.
Pour cet expert il ne sert en effet à rien d'intervenir à posteriori d'une catastrophe, raison pour laquelle il souligne l'impératif de publier dans les meilleurs délais le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de Ténès El Hadhar au journal officiel.
                   Les populations lancent un appel de détresse
Plusieurs habitations de la ville menacent de tomber en ruine au grand dam de leurs occupants dont le calvaire est d'autant plus exacerbé que, le site étant classé patrimoine sauvegardé, toute entreprise de consolidation est subordonnée à une autorisation de la direction de la culture.
Pour le président du comité de quartier, Maamar Aiouaz le danger qui pèse sur la vieille cité est imminent notamment en période d'intempéries où le pire est à envisager.
Les riverains passent leurs nuits en dehors de leurs habitations, souvent dans des écoles primaires, de crainte de les voir s'effondrer, a-t-il fait remarquer appelant de tous ses vœux les autorités à intervenir rapidement.
La suspension de l'opération de restauration des bâtisses depuis 2007 a porté un coup dur au patrimoine de Ténès, regrette Mohamed Benhami dont la demeure date de 5 siècles.
Le président de l'association El Athar Castellum Tangitanum, Cherifi Ahmed, a estimé que le plan de mise en valeur du secteur sauvegardé était un acquis en faveur de la cité appelant les citoyens à patienter et à respecter la procédure pour mieux préserver les sites historiques.
Ténès El Hadhar gagnerait à bénéficier d'une intervention rapide qui y fera relancer le tourisme, soutient pour sa part Merouane Sefta guide touristique qui lui aussi déplore l'état de dégradation totale dans lequel se retrouve se site qui accueille des visiteurs du monde entier.
Cité mythique qui a vu défiler moult civilisations, ville à l'héritage culturel et historique légendaire, mère d'ulémas de renommée avérée tels les frères Abou Ishaq et Abou El Hassan El Tenessi, Ténès El Hadhar tente de résister aux aléas du temps et lutte pour conserver son statut de centre de rayonnement culturel, historique mais surtout de nos jours de pôle touristique.
Surplombant la façade maritime, le site présente les caractéristiques d'une Casbah notamment avec ses ruelles étroites. Sa conception architecturale et sa grande cour lui confèrent l'aspect d'un musée à ciel ouvert et rappelle le petit royaume islamique qu'elle était et qui a longtemps prospéré.
Selon le guide touristique, le vieux Ténès érigé dans la partie sud de la ville a été construit par les marins andalous en l'an 262 de l'hégire (808 grégorien). Un petit royaume dont les limites s'étendaient de Cherchell, Blida et Médéa à l'est, Tissemsilt au sud et Relizane et Mostaganem en ouest. Une grande rivalité l'opposait avec la dynastie des Banou Ziane de Tlemcen.
La mosquée de Sidi Maiza, classée monument historique par… l'occupation française
Sa Casbah présente de fortes similitudes avec celles d'Alger, Constantine et Tlemcen en tant que prolongement d'un mode architectural, rappelle le président de l'association culturelle et archéologique de Ténès Merouane Zerrouki.
Elle recèle de précieux monuments dont la mosquée Sidi Maiza, deuxième plus vieux lieu de culte du pays (construite en 367 de l'hégire après celle de Sidi Okba), de Sidi Belabbés et de Lala Aziza. Et dire que la mosquée de Sidi Maiza a été classée monument historique par l'occupation française en 1905 puis patrimoine universel par l'Unesco en 1935.
La ville est entourée d'une muraille et comporte des Bordjs (forts) dont le plus important Bordj El Ghoula, et des portes, l'une donnant sur la mer, Bab El Bahr, et quatre autres Bab Errahba, Bab El Khouikha, Bab El Kabla et Bab Ibn Nasseh. Plusieurs de ces repères ont disparu mais leur emplacement est préservé dans la mémoire des Tenessis.

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