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11/05/2016

60 ans après son exécution, Ahmed Zabana, un héros comme on en a jamais vu


Même après soixante ans de son exécution, Ahmed Zabana, à l’image de tous les chouhadas, n’a pas été oublié par ses compagnons au maquis et par la nouvelle génération. aujourd’hui, le 19 juin 2016, cette anniversaire a été commémorée par la famille révolutionnaire, qui a énuméré les actes courageux dont le fils de M’dina J’dida en a fait preuve, jusqu’à son dernier souffle, il n’a pas eu peur de la guillotine, dont il a été la première victime. 

L’exécution, le 19 juin 1956, par guillotinage d’Ahmed Zabana, a été une « exaction » judiciaire et un « crime » colonial commis par l’administration française coloniale, a affirmé Maître Fatima Zohra Benbraham, laquelle est revenue sur les circonstances « cruelles » de cette mort et sur la portée de la lettre écrite la veille de celle-ci.

Qualifiant l’exécution d’Ahmed Zabana, il y a 60 ans, d’ »exaction judiciaire » et de « crime colonial » commis par l’administration coloniale française, la juriste a précisé, lors de son passage au forum d’El-Moudjahid, que ce premier guillotinage dans l’histoire de la Guerre de libération nationale s’est fait au mépris du jugement qui s’y afférait. « La première tentative ayant échoué, l’exécution devait être suspendue », a-t-elle explicité, rappelant que ce fut le ministre français de la Justice, François Mitterrand, qui en avait ordonné la poursuite « jusqu’à ce que mort s’ensuive ».

Il aura fallu une seconde tentative, également inaboutie, puis une troisième au bout de laquelle le bourreau a dû recourir à une contorsion du cou du martyr pour que celui-ci rende l’âme, a-t-elle ajouté, soulignant les circonstances « cruelles » de la mort du jeune chahid, alors âgé d’à peine 30 ans. Cet épisode, a-t-elle poursuivi, avait marqué la conscience de M. Mitterrand, si bien qu’une fois élu à la magistrature suprême de son pays, a entrepris, en première action, d’abolir la peine de mort.

Une manière de « se racheter » de cette exécution, a-t-elle ajouté. Me Benbraham est revenue longuement, sur les ultimes moments vécus avec une rare bravoure par le martyr Zabana, de son vrai nom Zahana, ainsi que sur le comportement de ses bourreaux et la gestion de cette exécution, relevant au passage de nombreuses contrevérités historiques annotées par ces derniers et relayées plus tardivement aussi bien en Algérie qu’en France. « Contrairement à ce qui a été mentionné dans le procès-verbal de l’exécution, ce n’est pas André Berger qui a été le bourreau de Zabana mais bien le Commissaire du gouvernement qui avait porté la cagoule pour l’exécuter, en pensant qu’il n’allait pas être reconnu », a-t-elle rappelé, se référant aux affirmations de l’avocat du chahid, Me Mahmoud Zertal qui s’était basé sur des détails comme la taille et les chaussures ayant confondu l’identité de l’exécutant de la peine de mort.

Me Benbraham a abordé, avec force détails, le contenu et la portée de la lettre rédigée par Zabana le 18 juin 1956, soit la veille même de son exécution, rappelant que le précieux document, avait été adressé à la maman du défunt par le biais de son avocat qui ce faisant, avait dit à cette dernière: « C’est un héros comme on en a jamais vu et comme on en verra plus ». Elle a souligné, à ce propos, la qualité linguistique qui a caractérisé le document écrit par un soudeur de son état mais qui dépassait le niveau de certains Français et qui y avait adressé un message de lutte à ses concitoyens.

« La mort pour la cause de Dieu est une vie qui ne finit pas et la mort pour la patrie n’est qu’un devoir », a-t-elle lu, entre autres extraits de la lettre de Zabana, avant d’observer que « notre devoir à nous consiste à ne pas oublier, à entretenir le devoir de mémoire ». L’hôte du Forum du quotidien El-Moudjahid n’a pas manqué, par ailleurs, d’informer l’assistance, particulièrement accrochée à son récit, d’autres détails sur les ultimes instants de vie du martyr Zabana, communément appelé H’mida, lequel a passé sa dernière nuit à prier longuement. Elle a ainsi fait savoir, entre autres, que la montre du chahid s’est figée, étrangement, à l’heure arrêtée pour son exécution, à savoir 4 h 02. La dite montre ayant été également remise par les autorités pénitentiaires à sa mère, laquelle la confia à Me Zertal pour avoir « été aux côtés » de son fils durant ses ultimes instants de vie.

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