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10/13/2016

Produits antiacridiens périmés : Divergence d’idées sur leur stockage à Béchar



La population de la wilaya et plus particulièrement colle de Béchar Djédid et Abadla éprouve une grande inquiétude devant la présence de produits chimiques servant dans le cadre de la lutte contre l’invasion des criquets et entreposés dans des locaux ne répondant pas aux conditions de stockage. 

Cette inquiétude s’est amplifiée suite à la déclaration de la directrice générale de l’Institut national de la protection des végétaux, INPV-Harrach, lors de sa visite effectuée récemment à Béchar. La DG accompagnée de trois cadres supérieurs de l’INPV s’est réunie le 5 octobre avec le wali de Béchar en présence du DSA, du directeur de l’environnement, des P/APC d’Erg Ferradj et de Béchar, du chef de daïra de Béchar, du directeur de la station de l’INPV d’Abadla, de membres d’associations à caractère environnemental pour discuter du sujet des produits chimiques utilisés dans le cadre de la lutte antiacridienne. Selon le communique de presse signé par le wali de Béchar en personne, la DG de l’INPV a déclaré au cours de cette réunion que ces produits ne présentent aucun danger pour la santé de la population et a pris plusieurs décisions sur la façon de stocker ces produits chimiques en lieux sûrs, elle s’est déplacée à la station de l’INPV d’Abadla pour s’enquérir de l’état de l’entrepôt destiné au stockage de ces produits. De même qu’il a été décidé de lever toutes réserves techniques et administratives enregistrées en ce qui concerne l’étude relative à la construction du centre de stockage au niveau de l’antenne d’Abadla. 

La préparation de campagnes de sensibilisation de la population par des spécialistes en la matière pour vulgariser l’utilité de ces produits chimiques dans la lutte antiacridienne et expliquer leur mode d’utilisation et les effets qu’ils peuvent causer. Tout cela est théoriquement bon, diront certains citoyens qui se sont approchés de la presse. Le problème, c’est que ces produits chimiques qu’on voudrait stocker ne sont plus utilisables. Sur l’étiquetage des barils contenant ces produits chimiques la date de péremption est fixée au mois de mai 2006.En janvier 2013, des citoyens de la daïra d’Abadla située à 84 km au sud du chef-lieu de wilaya de Béchar, nous ont signalé l’existence de produits chimiques non identifiés entreposés depuis des années au niveau du parc communal en plein centre urbain de cette localité. 

Une fois sur place, nous avons découvert ce parc communal qui se trouve près du marché de fruits et légumes et séparé seulement par un mur de la SN SEMPAC où sont entreposés les stocks de farine, de semoule et de pâtes alimentaires. Au niveau de l’antenne locale de l’Institut national de la protection des végétaux, INPV, située à 2 km à la sortie sud d’Abadla, nous avons rencontré M. Yahia Kendil, inspecteur principal de l’INPV exerçant depuis 32 ans au niveau du Centre régional de protection des végétaux. Il dira que ces fûts contiennent des pesticides employés lors des campagnes de lutte antiacridienne. En réponse à notre question sur les mesures qui devaient être prises, notre interlocuteur dira qu’une filière de récupération des produits phytosanitaires non utilisés ou périmés devait être prévue. Il ajoutera qu’il existe des méthodes d’élimination qui peuvent être acceptables selon le type de produit et les conditions locales à titre d’exemple, il citera le traitement chimique pour l’élimination de toute menace potentielle. 

Pour conclure, notre interlocuteur dira qu’il ne croit pas que ces produits-là constituent une menace sanitaire pour la population. Nous avouons ne pas avoir été convaincus par le dernier propos de Yahia Kendil et nous nous sommes documentés sur le sujet. Pendant notre recherche documentaire sur le sujet, nous avons appris qu’au cours de la campagne de lutte antiacridienne de 2004-2005 (puisque le chef du parc communal dit que ces produits sont là depuis 2006), plusieurs tonnes de pesticides dont des organophosphorés, des carbamates et la Deltaméthrine ont été utilisées par épandage ou par pulvérisation dans les régions infestées par le criquet pèlerin, dans les régions du Sud. Ces divers types de traitements par les pesticides se font généralement pour parer à l’urgence, mais sans souci aucun des conséquences environnementales directes et des conséquences sanitaires sur le long terme liées aux infiltrations de ces substances non dégradables dans les sols, dans les sources et les nappes, puis vers les écosystèmes: les végétaux, les animaux et nécessairement l’homme.
Messaoud Ahmed

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