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9/03/2016

Setti Ould Kadi, une patriote et une femme d’un humanisme exceptionnel

Oran est une ville d’un riche passé que certains historiens valorisent par l’engagement de sa population dont certains de ses enfants sont tombés au champ d’honneur et d’autres ont contribué, corps et âme, pour l’indépendance nationale. Nous évoquons le nom d’Ould Kadi, surnommée «la bachaguette» par la police coloniale.
Née le 23 janvier 1904 à H’chem, dans la commune de Sidi Kada ex-Cacherou (Mascara), Setti Ould Kadi est issue d’une grande famille oranaise. Fille unique du second lit d’El Caïda Hlima et Ould Kadi Ali, Bachagha, elle fut très gâtée par ses parents et particulièrement par sa mère. Enfant gâtée, elle devint, plus tard, une grande dame dans la bienfaisance et le militantisme.
Elle fit autant que sa mère. Populaire, elle ne faisait point de différence ni de discrimination entre les gens pauvres et plus particulièrement les enfants nécessiteux.
A cet effet, elle dépensait beaucoup d’argent pour son entretien, comme sa mère. Bienfaitrice, elle fréquentait les milieux où elle pouvait faire du bien et servir les autres. Charitable, elle préférait vendre un lot de terrain, hérité, pour ne pas dire qu’elle n’avait pas d’argent ou elle ne pouvait pas aider.
A son arrivée à Oran, elle s’installa à Medina El Djedida au 10 rue Ouled Naïl puis, elle change de résidence pour habiter une autre demeure et plus particulièrement dans la maison de sa mère, dans le quartier de Saint Antoine. La maison de la Ville Nouvelle ne fut vendue qu’en 1968, après accord des héritiers. Plusieurs enfants, issus de la famille d’Ould Kadi, furent élevés dans cette maison.
Sa mère n’hérita pas la maison où elle était née, à Medina El Djedida. Cet achat ayant pour source principale rendre hommage à son père, Cheikh Benyoussef Ezziani. D’ailleurs, détruite, elle servit d’assiette pour la construction d’une mosquée, élevée en honneur à la mémoire du Cadi, Cheikh Benyoussef. 

Cette mosquée est devenue Habous. Après la vente de sa villa d’El Amria (ex-Loumel) par son mari décédé en 1931 et suite à un accord, El Caida Hlima prit l’argent pour construire sa grande et belle maison à Saint Antoine, élevée en 1926.
Elle était mariée à Mâatallah qui lui donna une fille Kheira, marié à Ould Kadi Mohammed, un ancien caïd et «Rbib El Caïda». 


Ce mariage avait donné naissance à Mama, mariée à un chef de zaouia, Hadj Mohammed Benbrahim, à Takhmaret; El Caïda lui fit construire une maison. Son fils, Hadj Abdelkader, successeur de son père à la tête de la zaouia, est tombé au champ d’honneur pendant la guerre de libération nationale.
Vers 1920, Setti se maria avec son cousin, Ould Cadi Mohammed. Quelques mois de mariage et elle divorce.
Puis, deux ans plus tard, elle se remarie avec Abdelkader Benchiha (né en 1886 à Sidi Daho des Zair à Sidi Bel Abbès et décédé en août 1962 à la suite d’une crise cardiaque, enterré à Ougb Ellil, dans la wilaya d’Ain Témouchent). 
Ancien sénateur, il démissionna en 1956.
En 1934, elle divorça d’avec Abdelkader Benchiha. Sous Fouques du Parc, maire d’Oran, elle acheta un terrain pour le céder à la population musulmane et de servir de cimetière: le cimetière d’Ain El Beida (Oran).
De ce lit, elle eut quatre enfants: Benamar: militant UDMA, devenu délégué communal,
Halima: mère de l’ancien chef de daïra de Bouguirat, décédée le 4 novembre 1992.
Kheira: épouse de Ould Kadi Baroudi, Fatma El Moffokiya: décédée en 1943 à la suite d’une méningite.
En janvier 1938, ses quatre enfants accompagnèrent leur grand-mère, en l’occurrence El Caïda Halima qui décida de prendre en charge tous les frais du voyage afin d’effectuer un pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. Elle prit donc, en charge le voyage de 13 personnes dont ses quatre petits enfants, Si Kaddour, neveu et secrétaire personnel d’El Caida Hlima, Hadj Faradji, frère de lait de Benamar, Hadja Sâadia, une responsable de bain maure de Dada Youb, Kheira, sa propre fille et quelques uns de ses employés choisis.
A la suite des événements du 8 mai 1945, Setti contribua au C.S.V.R. Au déclenchement de la guerre de libération nationale. Elle rejoint les rangs du FLN. Pendant la Révolution, elle resta au service de la bienfaisance jusqu’à son adhésion au FLN en 1956. Elle fit partie du réseau Abdelouahab. Dénoncée, elle est arrêtée, pendant la grève des huit jours et traduite devant les tribunaux pour ses activités nationalistes dans le FLN. 


Traduite devant le tribunal d’Oran, elle est jugée et condamnée à une peine de prison.
Entrée le 31 janvier 1957, elle demeura à la prison d’Oran jusqu’à sa libération le 3 juillet 1958. Puis, arrêtée dans le réseau d’Abdelouahab, elle fit un second séjour en prison jusqu’à sa libération, après le 19 mars 1962.
A l’occasion du trentième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, elle reçut à titre posthume, la médaille «Résistant». Benamar fut adopté par El Caïda Halima: un petit–fils chéri. Setti est décédée le 18 août 1965 à Oran.


F.Naim0

© Ouest Tribune 


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