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9/12/2016

Des artistes de Maghnia (Algérie) convertissent une église en galerie d’art


ils sont quatre artistes peintres unis depuis 1979. Ils ont, peut-être, des orientations différentes, un destin différent… mais une seule âme. Leur religion, l’art et tout ce que ce terme pourrait  signifier : beauté, intelligence, indépendance…
Ils ont combattu pendant 25 ans… pour convertir une église en galerie d’art. Un véritable défi lancé par Abdelkader Arzazi, Ahmed Hamidi, Mustapha Souadji et Abdelkader Mahboub. D’un espace de culte, l’église catholique s’est transformée en espace culturel.
Une ténacité – pour beaucoup – frisant l’ostentation, mais qui finira par payer en 2005.
« Pour beaucoup, nous étions des gens anormaux. Car, sur tout le territoire national, ces églises ont eu des destins multiples : soit elles ont été transformées en mosquées, en centres commerciaux ou elles ont été tout simplement délaissées… Et quand nous avons décidé de lutter pour occuper les lieux pour en faire un espace pour les arts, nous avons carrément été pris pour des fous. Les responsables locaux nous avaient proposé d’autres locaux pour notre projet, mais nous avions refusé. Nous avions campé sur notre position jusqu’à les avoir (les responsables) à l’usure…» nous explique Hamidi, un des plasticiens, ancien élève des beaux arts.
C’était le mois de mai et en présence de l’ancien chef de l’Etat, le lieu du culte a été «baptisé» lieu de culture. Une question de foi, en somme… Foi en la création, l’expression libre, les débats contradictoires, l’errance intellectuelle tout simplement… Un vrai pied de nez aux utopistes, aux cupides, aux détenteurs d’idées stupides…
Située en plein centre ville, l’église attirait des convoitises. Mais c’était compter sans l’esprit combatif et l’audace artistique du quatuor… Un groupe qui, à force d’abnégation et de foi en leur travail,  a fini par gagner sa cause.
Et depuis, des cimaises ont «titillé» des murs complices et interpellé des consciences. Des noms illustres ont signé le livre d’or de cette galerie, l’unique de par son originalité en Algérie. Le témoignage assourdissant de Nadia Issiakhem, femme du célèbre peintre algérien, lors d’une visite à Maghnia, est illustratif : «J’en suis fascinée, c’est l’une, pour ne pas dire la meilleure galerie d’art de tout le pays…».
« La galerie, aujourd’hui, est un bien de la municipalité. Nous n’en sommes que les animateurs. Parce que notre objectif était de sauver cet espace et le rendre utile pour, non seulement, la population de Maghnia, mais pour tous les artistes, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Une bénédiction pour des artistes ayant juré presque toute leur carrière, afin de conjurer tous les mauvais sorts qui guettaient cette bâtisse millénaire.
Aujourd’hui, le « groupe des quatre  de Maghnia », comme on les appelle, organisent l’an 11 de la naissance officielle de cette galerie. Avec ombres et couleurs… Un événement qui raffermira l’authenticité d’un espace, d’une histoire…

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