Ce Climat qui englobe toutes les problématiques environnementales...
Introduction....
Au début de juin dernier, à Bonn, la dernière conférence officielle sur le climat a fait figure de dernier tour de chauffe avant l’imminente COP21. L’Algérie s’y est apparemment illustrée comme un des champions les plus volontaires dans la lutte contre la désertification ainsi que la sécheresse. Au point même de solliciter un rendez-vous auprès du SBSTA, afin d’organiser un atelier totalement dédié aux relations entre le changement climatique global et de tels phénomènes locaux.
Quelles pourraient être les finalités et conséquences d’une telle posture diplomatique ?
Dans le contexte historique et actuel du déroulement des COP, quelle est vraiment la dimension d’une telle doléance? Le facteur climatique est-il seulement le seul impliqué dans cette crise écologique ? Une chose demeure sûre et difficile à remettre en question : la désertification menace très sérieusement notre territoire ainsi que la plupart des pays les plus proches et voisins du notre. Elle sera peut-être la principale cause de guerres de l’eau à venir dans la région Maghreb. Elles se profilent, selon certains experts, aux alentours de 2030...Demain donc...
Pourquoi vouloir insister sur un lien entre sécheresse et changement climatique?
Avant d’aborder toutes ces questions, rappelons tout d’abord que le SBSTA est un organisme multilatéral et indépendant qui fait office de principal lien entre les scientifiques et les experts du Climat et les Parties membres de la « convention cadre ».Notons à ce sujet que sa conception du débat climatique est en grande partie affiliée aux rapports et travaux du GIEC ; mais aussi assujettie à la très forte prédominance de la recherche américaine en matière de climatologie mondiale.
Le SBSTA permet à chaque pays ou bloc régional de venir débattre « en Off » sur la nature de ces résultats. D’émettre éventuellement des réserves ou bien d’encourager telle ou telle recherche ou vision scientifique propres à ses intérêts. Le SBSTA fixe donc ainsi et indirectement les principales lignes directrices du processus politique des COP. C’est en quelque sorte un des laboratoires institutionnels du régime climatique mondial encadré par l’ONU. Il permet également de faire perdurer les débats hors du cadre plus solennel des « Conférence des Parties ».
C’est à ce titre un des organes névralgiques de la longue pédagogie engagée par le régime climatique mondial pour aller vers un consensus climatique international. Voilà pourquoi, pour un pays comme l’Algérie, orphelin d’une compétence climatique suffisante, il est essentiel de collaborer étroitement avec cette instance multilatérale. Pour appuyer sa requête politiquement, elle ne saurait se passer d’un tel soutien ou cadre de négociation. Sinon, ses ambitions seront vouées à l’échec. Tant elle ne s’est pas donné, au fond, les moyens de peser autrement que symboliquement dans ce débat de civilisation qu’est la gouvernance climatique.
Dans le même sens, et pour les même raisons logistiques et structurelles, la diplomatie algérienne réitérera à Bonn une requête qui lui tient particulièrement à cœur. Cette fois-ci en direction du GIEC, autre pôle stratégique du régime climatique mondial. C’est en effet « Le » groupe d’experts internationaux chargé de produire les rapports de synthèses scientifiques qui servent de bases à chaque négociation climatique.
Notre pays sollicite logiquement la création par le GIEC d’un prochain atelier. Il devra être totalement dédié à discuter du lien très probable entre les changements climatiques et la sécheresse. Sans cette validation scientifique, qui fait office de référent incontestable pour l’ensemble des Parties, là aussi, notre pays souffrira d’une incapacité à produire par ses propres moyens une telle expertise.
Mettre la desertification au rang de déréglement climatique...
A l’instar de l’Inde, puissance émergente fortement impliquée sur le volet « désertification », l’Algérie a voulu donc insister sur le caractère systémique de la vaste et complexe problématique d’un Climat mondial, ce "bien commun global" statué par une Convention internationale. Ce qui impliquera peut-être , dans un soucis d’équité mondiale,d’intégrer de nouveaux indices pour évaluer et traiter la question des dérèglements climatiques. Telles, par exemple, que la recrudescence des sécheresses et des inondations dans certaines régions du monde qui en sont fortement affectées. Peut-être même de reviser totalement cette structure tripartite de la politique environnementale mondiale.
Il fallait donc relancer ce débat. C’est d'autant pour la diplomatie algérienne une occasion évidente, il ne faudrait pas l’ignorer, de lever des fonds verts et de mobiliser la solidarité internationale, autant en matière de transfert de technologies et que de compétences. Car si cette dimension venait à être intègrée plus activement dans le processus des négociations climatiques, alors la désertification et ses corollaires entreront plus en vigueur dans les critères d’éligibilité au fonds verts sur le climat.
Avec une toute autre approche, le Brésil, la Russie et même les Etats Unis, grands états forestiers, veulent renforcer le statut de puits de carbone de leurs vastes et riches couvertures végétales. Cette fois-ci c'est le volet "biodiversité" associé à la notion "d'indice carbone" qui sont associées.Le Congo, lui, plus timide, est tout de même un des grands pays africains forestiers à se positionner à l’avant-garde de la question de la « déforestation » ainsi que de la compensation carbone. Le premier est fort corollaire au phénomène de désertification ; le second s'avère anecdotique dès lors que ce phénomène n’est régulé par aucune contrainte nationale vraiment sincère et efficace.
L'Algérie se positionne donc dans ce volet aux premières lignes du débat. C'est une attitude de leader climatique continental, mais encore plus du Sud. Reste à savoir pourquoi et encore plus comment cela s'illustre hors du cadre seul des annonces politiques.Chacun doit se faire son propre avis sur la question...ceux qui connaissent bien la matrice du système Algérie doivent déjà avoir la puce à l'oreille... Passons...
Ces Conventions "orphelines" que l'Algérie et d'autres pays voudraient réactiver au nom du principe d'équité...
Lors de ce préambule à la COP21, la délégation algérienne a donc voulu ainsi mettre le doigt sur un sujet qui la concerne au premier plan. Il s’agissait de ce fait de rappeler à l’audience de cette conférence que la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques ne devrait pas mobiliser autant d’attention et de fonds. Quand d’autres textes fondateurs du sommet de la Terre de Rio, en 1992, tardent à inspirer un tel engouement parmi la communauté internationale. Ces deux conventions ont pourtant identifiées deux autres prérogatives écologiques globales incontournables pour le premier « Siècle » du deuxième millénaire.
En effet, lors de ce premier grand forum mondial sur la question environnementale, fut également ratifiée la « Convention sur la diversité biologique » ainsi qu’une « Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification ». Penchons-nous brièvement sur la première, et abordons celle qui nous intéresse plus particulièrement avec une approche moins superficielle.
La Convention relative à la biodiversité valide trois objectifs cadres en matière de gestion globale de l’environnement : la conservation de la biodiversité, l'utilisation durable de ses éléments, ainsi que le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques. Nous ajouterons, au passage, que cette dernière semble fortement imprégnée par une vision de Conservation. Crédo de protection de la nature qui la place dans une logique où, avant tout, elle fait avant figure de valeur matérielle. Une source de ressources naturelles, de services écologiques, mais aussi d’informations qu’il faut essentiellement conserver à des buts d’exploitation économique durable. Cette tendance rappel l’état d’esprit qui semble animer le débat climatique, de plus en plus enclin à laisser le marché financier réguler celui des émissions carbones mondiales.
Ce qui n’est pas vraiment le postulat des adeptes de la Préservation qui, eux, reconnaissent aussi à la biodiversité, ainsi que ses productions, une dimension immatérielle, culturelle, esthétique, sanitaire, identitaire même. Et non, seulement, une valeur matérielle ou fonctionnelle. Selon cette approche, elle n’en demeure pas moins une plus-value essentielle dans le développement humain ; mais dans un sens bien plus large du terme.
Depuis ce texte, il est cependant incontestable que l’état de la biodiversité biologique est en phase d’effondrement. Les mesures pour remédier à cette extinction massive d’espèces ont été fort timides de la part de la communauté internationale. Si peu contraignantes et convaincantes à l’échelle locale, nationale, et internationale. Comme d’ailleurs le bilan des négociations climatiques est fortement entaché par le fait que, ces dernières années, jamais les émissions globales de GES n’ont été si importantes. Nous devons cependant poursuivre ensemble le fil de cet article. Il me sera impossible de m'éttendre à ce sujet dans ce premier volet ce dossier. Disons, en substance, que le débat climatique me parait de moins en moins concerner des préroragtives écologiques. C'est un jeu d'échec géopolitique, une nouvelle façon d'aborder la gouvernance mondiale, un laboratoire unique en son genre...Pour sauver la Planète? Pas si sûr...à mon humble avis...peut-être effectuer une transition qui permettra de perdurer durablement en changeant la forme du capitalisme, mais en rien son fond...
Donc, en 1994, deux ans après le Sommet de Rio et cette convention, à Paris, une autre vient parachever les grands contours de l’Agenda mondial du développement durable. Il est cette fois-ci question de désertification. Son processus s’est opéré en deux grandes phases. Tout d’abord celle de sa rédaction initiale succédant à celle en 1977 du "Plan d’action pour lutter contre la désertification" de l'ONU. Puis, en 2007, à Madrid, cette politique à été remise à jour. La convention est portée par des concepts et des visions qu’il nous faudra examiner plus en détail lors d’un prochain article. Puis nous analyserons la position de l'Algérie dans ce domaine...
La question du climat hors de "la bulle algérienne"...
Dans le précédent volet de cette série de billets, nous avons tenté de mettre en évidence le caractère éminent numérique du concept de climat mondial. Voire peut-être même un peu trop virtuel, pour les simples lambda du « village » Monde que nous sommes devenus. On peut en effet, à l’étudier de près, se demander si le terme « Climat », devenu planétaire, désigne encore et vraiment une réalité palpable par nos corps ainsi que nos esprits. Voilà une notion qui parait fort difficile à appréhender sans une batterie de technologies de très haute pointe ainsi qu’une expertise tout aussi efficiente. Un luxe que très peu d’êtres humains, même à l’échelle de continents, ne peuvent espérer atteindre souverainement dans l’immédiat. Cette fois-ci, nous évoquerons une dimension plus politique de ce vaste sujet.
Pour expliquer ce climat, ses changements, ses déréglementés, leurs origines, le langage scientifique est loin d’être le plus parlant pour la plupart d’entre nous. C'est un latin à des années lumières de notre perception intime du monde qui nous entoure. Et là où le scientifique se doit d’être « vulgaire » pour se faire comprendre du citoyen, il se retrouve le plus souvent sur la chasse gardée des politiques. Ces derniers ne semblent pas trop se faire prier pour lui servir de guide à travers la jungle des réalités de ce monde. Sans se gêner pour de lui faire payer au passage un tribut en compensation de son intrusion dans leur territoire privilégié (non celui des inventions, mais des bien idées.) Le scientifique doit légitimer un discours politique pour oser espérer une tribune populaire et des financements privés.
Qui mieux que les politiciens savent vulgariser les découvertes de la science pour en faire des arguments que jadis, d’autres, auraient soutenus avec une légitimité incontestable à leurs yeux, armés alors des dogmes de la religion ? Qui aujourd’hui est vraiment à même de lire les prévisions des modèles numériques climatiques qui ont changé notre vision du climat? Des oracles rendus possibles par l’infaillibilité de la science comme dogme fondateur. Lire dans les quantités mydriatiques d’informations glanées aux quatre pôles de cette planète, c’est en quelque sorte voir dans le marc de café ou les ossements, avec la précision et la froideur infaillible d’un ordinateur comme vous et moi n'en disposeront jamais. La synthèse, dans ce maëlstrom de datas météorologiques et climatiques devient de ce fait, à mon humble avis, une nécessité démocratique autant qu'un atout de taille pour engager un dialogue multilatéral sur le sujet.
Voici, peut-être, non pas seulement la tour Effel mise en bouteille, mais cette fois-ci la planète entière prisonnière d’une boule à neige géante. C’est une image un peu exagérée, il ne faudrait pas le nier, mais elle a le seul mérite de mettre en contraste certains tenants de l’idéologie climatique globale en vigueur jusqu’à présent.
Que faire quand un débat est mené avec une très faible proportion de protagonistes vraiment capables de vérifier par des moyens souverains des données sur lequel il est fondé ? Il ne s’agit bien entendu pas de gâcher ce sujet en l’entrainant vers les abîmes de l’obsession complotiste. Mais plutôt d’identifier un frein bien réel pour beaucoup de pays du Sud. Cette réalité influence lourdement leur appréhension d’une éventuelle gouvernance climatique sous fond de convention contraignante et multilatérale organisée par l’ONU, et en toile de fond, par les Etats Unis et l’Europe . Ils me paraissent au fond être les deux revers d’une même médaille d’un pouvoir mondial défini par une vision anglo-saxonne, incluant les pays nordiques et l’Australie, le Canada et même l’Allemagne qui a été le pays le plus influent sur le régime climatique européen ; n’en déplaisent aux Français qui veulent ainsi rattraper leur retard lors de cette prochaine rencontre d’envergure sans précédent pour la 5éme République de France.
Cette hostilité à toute approche intrusive d’une gouvernance mondiale, d’un sujet d’abord perçu comme un quotidien national, est également au centre des grands débats politiques américains. Cette défiance n’est donc pas toujours une question de croyance scientifique, ni une affaire seulement de défaillance technologique. Les Etats Unis semblent être politiquement divisés en deux tendances politiques à ce propos.
Le courant climato-sceptiques a même les faveurs des sondages. Mais, paradoxalement, c’est aussi en Californie que, par exemple, ce pays continent développe beaucoup d’innovations qui feront les beaux jours de la « transition verte » annoncée par l’ONU; comme étant une issue pragmatique face à un « dérèglement » du climat mondial. La prolifique littérature scientifique américaine sur le sujet, domine de loin les sources du GIEC ; les outils les plus performants dans ce domaine sont largement en possession de l’expertise américaine. Elle est appuyée par une technologie ainsi qu’une puissance scientifique presque d’hégémon sur le reste de la planète.
Les Etats Unis ont également beaucoup influé, dans le passé, sur la création et le développement d’organismes et d’outils institutionnels internationaux dédiés à la question climatique. Notamment en contribuant activement aux initiatives de l’ONU à ce propos. De plus, sans avoir ratifié le protocole de Kyoto, cette puissance géopolitique et donc diplomatique, aura cependant profité de quelques années de négociations pour imposer à cet accord multilatéral de nombreuses pistes. Par une forme sophistiquée d’induction basée sur la collaboration, la démonstration scientifique teintée d’une farouche jalousie de sa souveraineté.
Notons également que nombres d’ONG emblématiques dans ce débat (pour ou contre d’ailleurs) sont américaines ou, comme Green Peace, dans la sphère idéologique anglo-saxonne. On peut dire que les Etats Unis, principal émetteur MONDIAL de C02, qui plus est de source domestique, est aussi le pays à l’origine du débat climatique ainsi qu'un de ses grands bailleurs de fonds. Ne l’oublions pas, les USA sont également à la pointe dans la recherche des solutions technologiques pouvant répondre à d’éventuelles nécessités d’adaptions. Ses modèles numériques, ses mouvements écologistes, autant que ses lobbys industriels, ont eux aussi beaucoup d’avance et d’influence aux grandes tribunes de la question climatique mondiale.
Quant à l’ONU, cette organisation mondiale a elle aussi une importante marge d’anticipation, puisqu’elle a été pionnière, historiquement, dans la volonté, ou la conscience, d’une gouvernance mondiale des questions environnementales. Elle dispose de toute une infrastructure, ainsi que d’une expérience incontestable dans l’organisation de débats internationaux. Son influence est de taille à imposer le cadre même de ces négociations. Et cela bien avant la toute première COP de l’histoire.
Cette idée de « climat mondial » soulève donc de nombreuses questions qui doivent d’abord être abordées en dehors de ce que je me permettrais ici de qualifier de « bulle algérienne ». Aussi me pardonnerez-vous de tarder à entrer dans ce vif de mon sujet annoncé par l’intitulé de ce dossier sur les questions relative à cette vision du Climat qui seront abordées à la prochaine COP21 où notre pays, l’Algérie semble jouer un rôle diplomatique non négligeable.
Pourquoi ? Et bien parce que il est toujours meilleur de connaitre la source de l’eau dont on s’abreuve quotidiennement. On réalise d’autant plus quand elle nous arrive soit polluée, soit passée sous le filtre de tel ou tel régime d’idées et de mots propres à un projet politique. Le mot est lancé, non à des fins politiciennes mais bien pour insister sur le caractère éminemment politique et géopolitique de cette négociation multilatérale.
Dans la chronologie de ce régime, les aspects environnementaux et scientifiques ont été progressivement assujettis à la dynamique d’un projet (au sens de volonté commune) bien plus vaste et rassembleur pour certains que la causes écologique ou bien les vertus de la science dans la construction de nos sociétés modernes. La question du climat, abordée par le « régime climatique mondial » (et encore plus la politique américaine) est une partie de bras de fer dont le ring, en ombre chinoise, concerne surtout des préoccupations d’ordre énergétique, plus qu’une volonté écologique mondiale.
Que penser du caractère un peu trop mondialiste que certains lui reprochent ? Ou bien de son manque de visibilité à l’échelle de nos simples vies ? Dans le discours politique, il est régulièrement évoqué comme traçant les prochaines grandes lignes d’un «nouvel équilibre mondial ». Une « transition » pour reprendre encore une des « pépites » de la dialectique de nombreux discours lors du fameux « Sommet des consciences ». Celui qui s’est déroulé à Paris en préambule à la « COP de Paris ». Comme l’a maintes fois évoqué son actuel président français ; au nom de la présidence française, mais aussi des positions climatiques de l’Europe.
Cela n'est sûremment pas un hasard si c'est au responsable de la diplomatie française que l’on a confié cette lourde tâche ; et non à la ministre de l'Ecologie. En effet, M. Fabius mérite bien ces « good Luck » qu’il évoquera à chacune de ses interventions préliminaires à cette COP parisienne. Ceux qui, selon ses dires, l’on aiguillés sur l’ampleur du défi qui attend la France dans cette aventure diplomatique. Elle dispose cependant d’un sérieux atout grâce à son troisième réseau diplomatique mondial. Ce dernier est bien implanté en Afrique, plus particulièrement . Jusqu’en Arctique, même autre zone sensible de la question climatique.
Ce pays, soutenu par l'Europe, puissance économique mondiale majeure, pourra peut-être, il me semble, faire avancer d’un plus large hiatus une négociation qui stagne depuis près de vingt-ans déjà. Sans aboutir à un consensus acceptable par 196 parties. Après pas moins de vingt et une COP (dont une COP bis), des budgets colossaux engloutis (celui de la France a été annoncé à près de 170 millions d’euros), des tonnes de GES générés pour assurer un tel débat impliquant des dizaines de milliers de gens venus du monde (presque) entier...Une statistique affligeante : 2013 aura été l’année record des émissions globales de C02 ...
La France, et l’Europe, pourront ou voudront profiter du rayonnement historique de la diplomatie algérienne dans les pays du Sud. Prestige qui remonte autant à sa première tradition de pays « non aligné » que de bonnes et durables relations avec de nombreux pays dits du « Sud ». Ce n’est peut-être pas un hasard, aussi, si un Algérien joue un rôle de premier plan dans cette négociation. Certes, il parait avant tout consultatif, mais ce serait injuste de ne pas en percevoir les marges d’influences dans les réalités de ce processus.
L’Algérie est devenue également un partenaire africain et "arabe" de premier ordre pour l’Europe ; économiquement, géopolitiquement, énergétiquement etc. En choisissant le terme de « développement durable », elle affirme aussi, il me semble, une certaine particularité de la traduction française du terme « sustainable development ». L’approche « durable » est plus centrée sur l’économie verte, que la notion « soutenable » semble vouloir y apporter aussi une certaine valeur éthique. Une économie qui serait soutenable pour les environnements où elle se développe. Et non garantissant seulement un developement économique durable. Un détail sémantique ? Libre à vous d’en juger sa valeur. Pour moi elle demeure de la taille d'un indice fort révélateur...
L’Europe est un bloc régional fort d’une Convention et d’outils institutionnels qui lui imposent, mais lui permettent également d’aborder le climat d’une seule voie. De nombreux experts considèrent que la diplomatie climatique est sa seule véritable marge de manœuvre sur l’échiquier des grandes négociations géopolitiques prises en otages par la « guerre froide » entre les Etats Unis et la Chine. De plus, sa mauvaise réputation, due à la défaillance démocratique lors de sa fondation ainsi qu'à l'histoire colonialiste de son continent, pourrait être quelque peu nuancée si la communauté européenne se montrait volontaire pour une cause considérée comme universelle.
Dans la "soft war" qui semble opposer la France et l’Allemagne, il s’agit pour le prochain hôte de la COP21 de prendre plus d’ascendant sur la position européenne.Pour la France, ne serait-ce que d’un point de vue symbolique, cet évènement est une occasion qui relève d’un enjeu géopolitique dont trop peu de Français ont vraiment conscience. La société française, selon les organismes sondages hexagonaux les plus en vogues est certes très encline à accepter le principe d’un dérèglement climatique global d’origine humaine ; mais le débat, dans ses profondeurs politiques et stratégiques, leur parait-il si important ?
La question reste ouverte; elle nous servira de transition pour nous pencher la prochaine fois plus précisément sur l’Algérie climatique. Dans un tel contexte parmi les pays du Nord , il nous faudra également évoquer celui qui inclue la Chine et d’autres pays disposés à présent à s'engager un peu plus sereinement dans cette négociation.
Peut-il y avoir de politique algérienne du climat sans Maghreb climatique?
Lors des précédentes parties de ce dossier nous avons surtout pris le temps de remonter ensemble à la source d’un processus à la fois scientifique, social, économique et politique.
Celui des négociations multilatérales sur le Climat qui reprendra son cours officiel lors de la prochaine COP21 de Paris. Parce que, avant d’aborder enfin le cas de l’Algérie, il me semblait important de situer ce débat sans précédent dans un contexte plus vaste et global que ce que j’appellerai le plus souvent « la bulle algérienne ».
Tout Algérien qui veut aborder ce sujet doit faire le louable effort de quitter cette dimension pour le concevoir dans sa globalité...
Une transition vers un nouveau régime mondial ?
Faisons tous d’abord un bref rappel des sujets abordés lors des articles qui ont précédé ce premier billet qui s’attellera cette fois-ci à mesurer l’ampleur du défi ou de la fatalité qui attend l’Algérie à ce propos. Peut-être que certains d’entre vous n’aurons eu pas le temps de lire tous ces derniers...
Ainsi, nous avons évoqué le fait que de débat scientifique, puis de prise de conscience civile, le thème du Climat n’a eu de cesse d’évoluer vers un véritable régime politique, au sens volonté d’être cadre autant qu’un processus de gouvernance. Autour de cette négociation internationale relative au Climat, semble en effet s’être profilé, en ombre de moins en moins chinoises, les contours d’un vaste laboratoire. Celui d’une gouvernance mondiale tant invoquée par toute une génération de politiciens, d’industriels, de juristes, d’associations professionnelles, de médias, d’intellectuels, mais aussi d’ONG. Le régime climatique mondial doit selon eux être l’outil pour notre espèce humaine d’une « transition » à la fois économique, sociale, environnementale, mais surtout énergétique. Certains comparent même notre ère pétrolière à un Moyen-Age que cette Renaissance viendra enterrer du sceau de la lutte pour ou contre le Climat.
Durant une longue phase de préambule, ce réseau aura été largement sollicité par la sphère politique mondiale. Dans le but de faire converger toutes ces initiatives vers l’acceptation du grand public international d’un concept très dur à percevoir à l’échelle individuelle. Les dérèglements climatiques existent et vont être durables ; ils sont d’origine anthropique. La dernière sentence du GIEC, qui pèse presque 100 pour cent de certitude scientifique, ne doit laisser planer aucun doute. A présent, dire que « l’homme » est responsable de ces fléaux fait figure de dogme, il n’est plus question de le remettre en question. À moins d’avoir envie d’endosser l’étiquette « d’irresponsable » ou bien de réactionnaire. Voilà pour le volet acceptation. La phase action devrait enfin évoluer vers des lendemains plus fructueux.
Reste pour l’ONU de faire émerger tout un écosystème mondial capable de donner à ce régime climatique mondial une réelle existence juridique et diplomatique. La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatique, fait office, depuis 1992, de seule références valable et consensuelle à ce propos. Avec le Protocole de Kyoto, bien entendu, mais il n’a pas été validé par les principaux responsables des émissions globale de GES.
Cet accord aura par contre permis de créer en Europe un laboratoire d’échanges autour d’un Marché Carbone qui a généré des milliards de dollars de spéculations. L’idée d’une possible régulation du Climat par le Marché, de la rentabilité évidente d’une phase de transition vers une économie mondiale «décartonnée » aura été expérimenté surtout en Europe ; qui aura également fixé le fameux seuil de 2 degrés d’augmentation de la température mondiale.
Pour l’ONU, organisation internationale (ou multilatérale), cette longue et vaste négociation doit confirmer sa compétence à gérer un dialogue mondial autour d’un sujet aussi complexe que celui du Climat.
Cela fait plus de vingt ans que cette naissance fort compliquée s’opère...et ce n’est ni un hasard ni forcement le constat d’un échec si elle dure. Du moins par pour ce nouveau régime global en gestation qui, à mon humble avis, appréhende surtout le climat comme un radical commun très puissant à rassembler des peuples étrangers autour d’une table de négociation. Et donc de proposer un arbitrage après avoir prouvé ses compétences et sa capacité d’écoute.
Il me semble que de nombreux outils de gouvernance mondiale ont été expérimentés à chaque COP depuis la première édition. La Cop 21 sera celle qui évaluera le principe de subsidiarité, qui, au passage, fut d’abord expérimenté il y a très longtemps par les Père de l’Eglise Romaine et qui a fait largement ses preuves lors de la constitution du GIEC. On collecte tous les avis, puis on les synthétise par phases ; et après on laisse un cercle plus restreint prendre les décisions ; sous couvert bien entendu de consensus absolu. Mais au fond, est-ce vraiment les décisions réellement prises lors de cette COP qui seront évaluées par le régime climatique mondial ? N’est-ce pas plutôt la pertinence de cet outil qui sera surtout jaugée ? Cette question viendra conclure cette longue introduction...
« Le Maghreb Climatique » doit figurer parmi les principaux objectifs géopolitiques de notre pays
Revenons à L’Algérie. Cette fois-ci peut-être un peu plus conscient de l’enjeu auquel elle participe à l’instar de 195 autres Parties représentant des pays ainsi qu’une communauté internationale, l’Europe. Pourquoi associer un bloc régional à un débat entre pays ? C’est une question qui ne me parait pas inutile à formuler au passage.
Car, si l’Europe semble dotée d’une vision de développement durable commune, en ce qui concerne sa politique énergétique la gouvernance de cette institution n’est pas en mesure de négocier d’un seul ensemble. Chaque pays membre est libre de son mix énergétique et donc de ses émissions de GES. C'est pourtant le centre des négociations climatiques. Cela crée un certain déséquilibre par apport aux nations qui ne pourront échapper à certaines contraintes sans cette ambivalence de nation et partie d’un bloc continental. Ce qui est le cas de l’Algérie, il me semble.
Si l’Europe pèse dans ces négociations, c’est bien qu’elle a su ce faire le laboratoire (j’insiste sur ce mot) où des pays développés et en développement, avec des politiques énergétiques diverses, parfois antagonistes, ont développés des outils institutionnels et juridiques, un marché d’échange multilatéral, des technologies, des compétences ; une capacité d’anticipation et de synthèse, une influence...un pouvoir climatique...donc. Ensemble, ces pays de la Convention européenne ont rattrapé ainsi leur retard vis-à-vis de l’ONU et des Etats Unis, premiers instigateurs et opérateurs de ce débat mondial. Du moins jusqu’au Protocole de Kyoto ainsi que les accords de Lisbonne. En effet, ces deux étapes de négociation ont propulsé l’Europe sur la scène climatique mondiale.
L’Algérie, elle, faute de trouver en Afrique un bloc climatique aussi opérationnel et compétent, semble jouer un double jeu dans cette affaire. Certes, elle n’est pas la seule nation africaine à le faire. Beaucoup se contentent de jouer le rôle qu’on leur a suggéré, par facilité, qui consiste à jouer la carte de l’irresponsabilité et d’un besoin de financements extérieurs pour avancer dans cette transition « verte » de l’économie mondiale. Peu de pays africains, du moins parmi les plus importateurs, ne veulent assumer l’influence de leurs économies sur les émissions globales de gaz à effet de serre que leurs économies rentières génèrent indirectement depuis leur indépendance.
Non qu’il faille les blâmer, l’indice en question est potentiellement discutable, certes. De plus, dans le principe, il peut s’avérer fort contraignant. Mais, d’un autre côté, les pays qui ont une véritable influence sur ce débat sont et seront de plus en plus ceux qui assument cette responsabilité ; ceux dont on a identifié l’influence ; qu’elle soit historique ou non. Premièrement parce que cette responsabilité n’a été jusque-là et au fond contraignante pour personne. Au contraire, même, si j’osais, je dirais qu’elle offre à des pays comme la Chine ou les Etats Unis l’opportunité de faire la pluie où le beau temps dans ce régime. En validant ou non, par exemple, telle clause du débat. En ayant surtout retardé ce processus, le temps d’avoir pris d’assaut le marché des énergies renouvelables et d’avoir observé l’expérience d’un Marché Carbone en Europe.
La Chine, par exemple possède quasiment tout le marché de terres rares, si vitales pour toutes ces technologies dites « propres », pourtant fabriquées avec tant de matériaux polluants en amont comme en aval de leur exploitation. La science américaine règne totalement sur le domaine climatique et la grande avance de ce pays en matière de traitement de l’information, de cybernétique et de climatologie mais surtout de gouvernance climatique nationale. Les Etats Unis sont les principaux bailleurs de fond, avec l’ONU des fameux « fond verts pour le Climat ». Ces deux pays sont paradoxalement à la fois les plus grands émetteurs de CO2, mais aussi les plus avancés en matière d’énergies renouvelables et de processus d’atténuation de GES. Et cela sans avoir subi de réelle contrainte internationale, en assumant leur responsabilité, en anticipant. S’en m’étendre sur le sujet, j’aimerais vous inviter à réfléchir à ces stratégies...
Les pays d'une même région qui n’auront pas développé ni de blocs climatiques continentaux, ni de politiques multilatérales propres, ne pourront que subir un jour où l’autre ce régime fondé sur la nécessité d’un « nouvel équilibre mondial » à présent incontournable ; puisqu'« Il faut sauver la planète ». Ils ne pèseront pas grand-chose, c’est-à-dire leur développement face à une prérogative réputée si universelle que les « dérèglements climatiques ».
L’Algérie, devant cette impasse, préfère logiquement céder le pas à qui existe déjà, fut-il moins pertinent que ce qu’il faudrait inventer. Le « développement durable », « l’économie verte » paraissent séduisante. L’idée d’une zone « Europe Méditerranée » pourrait inscrire l’Algérie dans un bloc climatique puissant. Mais, pourtant, elle ferait mieux de fonder les bases d’un bloc Maghreb, seule zone géographique qui partage vraiment un climat commun avec nous. Seule une zone « Europe Afrique » où le Maghreb jouerait un rôle essentiel, pourrait être équitable et profitable pour l’Algérie ainsi que les autres pays de cette Communauté régionale qui tarde à exister vraiment. Sinon, des pays Européens seront à la fois du côté de l’Europe et de la Méditerranée. Des pays européens qui ne font pas partie de cette zone pourront y participer. Mais l’Algérie elle, et tous les pays du Maghreb ne traiteront surtout que de manière bilatérale avec l’Europe, et n’en feront pas partie. Cet échange entre un bloc continental et une zone historique pourrait s’avérer très peu propice à garantir la souveraineté de notre pays dans un tel bloc hybride...
Nous, pays du Maghreb, avons en commun de l’eau, une biodiversité, des paysages, des cultures humaines. L’Egypte, la Lybie, le Maroc, la Tunisie, La Mauritanie, le Mali, chacune de ses nations auraient pu fonder un tel pôle régional, à la fois climatique, économique et culture . Mais soyons réaliste un instant, la plupart d’entre eux sont pris dans une spirale d’incertitudes qui ne leur offre pas le « luxe » de saisir une pareille occasion. Le régime climatique aurait pu servir cette réunion ; il semble que notre division servira ce dernier...
Pourtant, au regard de leurs problématiques environnementales interactives et interconnectées, ce Maghreb climatique et environnemental aurait été un formidable outil pour faire en Afrique ce que l’ONU veut instiguer à l’ensemble de la planète. C’est-à-dire les blocs géopolitiques les mieux armés pour prendre les rênes de ce régime mondial. Le Maghreb aurait dû être le laboratoire des pays africain pour s’emparer à leur tour de ce régime climatique mondial. Et non de s’intégrer dans celui de l’Europe et de L’ONU, très actives et influentes dans les politiques environnementales de ces pays dits en développement que je qualifierais pour beaucoup d’en voie de déstabilisation. En perdant cette opportunité, en faisant l’impasse sur la responsabilité autant des colonisations passées et des guerres actuelles sur leur situation environnementales contemporaines, mais aussi de leur piètre gouvernance environnementales, de leur responsabilité contemporaine dans ce régime, les pays du Maghreb auront peut-être perdu au moins une génération de réelle indépendance...
Voilà à la fois un premier défi autant qu’une fatalité identifiée pour l’Algérie en matière de gouvernance climatique. Notre pays n’a pas de véritable institution continentale pour être autrement influente dans ce débat que par apport à sa force diplomatique ainsi que ses éminences installées à l’ONU. Un pouvoir diffus, démunis d’une réelle vision endémique, une politique dont découle en grande partie la nature de notre régime climatique national, qui englobe naturellement la façon dont l’environnement est abordé autant par la gouvernance que la majorité de sa société civile...
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