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7/07/2014

Situation Djebel Nador 1830-1962





En 1906, une commune mixte était créée dans la région de Tiaret.
Elle recouvrit la moitié sud du Plateau du Sersou, à partir de la source Aïn Szarit et l'oued Mecheti au nord jusqu'au Chott Ech Chergui au Sud. A l'Ouest, la commune était limitée pars les monts de Frenda, à l'Est elle s'arrêtait non loin de Taguine, oasis rendue célèbre par la prise en mai 1843, de la smala de l'Emir Abd-el-Kader par les troupes du Duc d'Aumale.
Cette commune prenait le nom de la montagne la plus élevée de la région : le Djebel Nador, elle était la plus étendue des communes d'Algérie.
Au début de l'année 1908, le premier Administrateur de la commune M. Montière, chargé des projets de la colonisation, rencontrait les responsables des principales tribus de la région, parmi lesquelles, les Ouled-Haddou, les Ouled-Zian-Cheraga et les Ouled-Sidi-Khaled, afin de négocier la cession d'une partie - le dixième en fait - de leurs terres communautaires, nommées par eux sabega, aux dommaines de l'état pour l'installlation de nouveaux colons.

L'installation de colons dans ces régions semi-désertiques devait favoriser les échanges avec les populations indigènes, créer des marchés où les nomades pourraient vendre leurs produits et s'approvisionner eux-mêmes, apporter des techniques nouvelles de culture des sols et d'élevage, enrichir en un mot le pays.
Centre de colonisation
Les colons
  • être français, marié ou bien veuf ou divorcé avec au moins un enfant mineur à charge, jouir de ses droits civils ;
  • n'avoir jamais été acquéreur concessionnaire, à quel que titre que ce soit, de terres de colonisation et n'acquérir qu'une seule propriété ;
  • payer au moment de l'achat, les frais 3/12 avec les frais de la vente.
  • Extrait partiel de la revue P.N.H.A n° 88

Quelques mois après l'achèvement de sa mission, M. Montière envoyait un courrier daté du 28 septembre 1908 au Préfet d'Oran pour lui faire part des résultats de ses travaux ; il proposait la création de cinq villages de colons répartis sur le territoire de la commune : Aïn-Dzarit, Tousnina, Matelaz, Aïn-Kermès et Médrissa.
Le 29 juillet 1910, il signait un rapport sur la création du centre de colonisation appelé par lui Médrissa, nom de l'oued qui « coulait » à proximité du site choisi pour la construction du village.
Ce centre devait se situait à 63 kms au sud de la ville de Tiaret, arrondissement de Mostaganem à l'intersection du grand chemin rural de Trezel (ain sougueur) à Geryville avec celui de Frenda à El-Ousseukh. (ain dheb)
En fait, jusqu'au début des années 1950, la route goudronnée venant de Frenda et allant vers le sud, s'arrêta à Ain Kermes et Médrissa qui, pour beaucoup de gens de passage, était le bout du monde.
Il se composerait d'un ensemble de 10 lots industriels, de 60 concessions agricoles comprenant chacun un lôt à batir de 10 ares, un lot de jardin de 20 ares, un lot de petite culture de 5 ha et un lot de grande culture de 65 ha, 600 ha communaux de parcours et 600 ha de terres de réserves, le tout recouvrant un territoire de 5 540 ha.
Au centre du village tracé au cordeau et autour d'une place, seraient édifiées des bâtiments communaux (mairie, école, poste, lavoir, abreuvoir... de style Jonnart) et sur la périphérie, des ouvrages, tels que cimetière, aire à battre, pépinière, seraient réalisés.
Enfin, losque la Djemaâ des Ouled Haddou approuvait, début 1913 les mesures de recasement qui avaient été proposées tout semblait devoir permettre de projeter la mise en chantier des édifices publics et la vente des concessions.
Hélas, la grande guerre interrompait un si bel élan.

Après bien de nombreux rapports décidant de l'abandon ou non du projet, c'est en 1928, 20 ans après le rapport de M. Montière, qu'a été créé le dernier village de colonisation en Algérie
Il allait naître dans la commune mixte de Djebel-Nador et serait le cinquième centre de cette commune après les villages de Trezel (ain sougueur), Aïn-Dzarit, El-Ousseukh et Aïn-Kermès qui avaient été créés respectivement en 1894, 1912, 1923 et 1925.
Les colons qui venaient, pour une bonne moitié, directement de Métropole, étaient appelés les immigrants.
Les autres acquéreurs, les Algériens meubles et bagages chargés parfois sur un chariot tiré par deux ou trois chevaux, étaient souvent des familles installées depuis des générations dans la colonie et qui avaient fait leurs preuves.
Ils étaient tous désireux de créer leur propre exploitation, de se mettre à leur compte, acceptant de payer plus cher que leurs compatriotes de Métropole leurs futures concessions.
Quatre familles nombreuses recasées du village voisin d' El-Oussekh complétaient la petite communauté des 39 foyers de peuplement du nouveau village.
Au début les familles de colons vivaient sous la tente ou dans les baraques en planche sommairement construites. Certains hommes, venus parfois seuls, dormaient même sous les chariots.
Avec une grande détermination ils s'attelaient aux nombreuses tâches que l'installation dans cette nouvelle colonie nécessitait.
En quelques semaines, les terres étaient défrichées, les arbres étaient plantés, les fondations des maisons étaient creusées, femmes, hommes, enfants servant de manoeuvres aux rares maçons que le village comptait car les indigènes étaient encore trop peu nombreux à venir demander du travail.
Ces « pionniers » qui, en ce printemps de 1928 bâtissaient Médrissa avaient répondu à des conditions très strictes :
Alors, personne à Médrissa ni ailleurs en France ou en Algérie ne savait qu'on ne verrait plus se créer d'autre centre de peuplement français de cette importance en Algérie.
Personne ne pensait que ce village qui avait 20 ans à naître, ne vivrait que 34 ans avec ses familles d'Européens.
Médrissa connaitra très vite les nombreuses calamités prédites : terres peu généreuses, gelées de printemps, automnes secs, hivers rigoureux, étés torrides. Sirocco, sauterelles, grêle, paludisme, typhus, maladie des troupeaux et des céréales auxquelles s'ajoutèrent les crises économiques, la mévente du blé et les nombreuses tracasseries que l'administration et la Caisse de Consolidation faisaient subir aux colons endettés.
Ces gens eurent à lutter dès le début et pendant près de vingt ans contre toutes ces difficutés au point que certains parmi eux, abandonnèrent leurs biens ou furent déchus de leurs droits de concessionnaires.
L'un d'eux, ruiné, désespéré, se jeta à la mer du pont du bateau qui le ramenait en France.
Les plus nombreux, victorieux enfin, ne connurent la réussite et la récompense de leurs efforts sur cette terre qu'ils avaient domestiquée que pendant quelques courtes années avant que ne se déclenche la guerre qui les contraignit à l'exode.

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