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7/08/2014

Qu’elle est belle ma vallée du M’zab !

Par Kader Bakou
Les récents événements à Ghardaïa nous ont presque fait oublier que la vallée du M’zab, ce musée à ciel ouvert et cette merveille architecturale, est depuis 1982 classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
A environ 600 km au sud d’Alger, au cœur du «désert des déserts» se trouve la vallée du M’zab, constituée des palmeraies et des ksour d'El-Atteuf, Bounoura, Melika, Ghardaïa et Beni-Isguen, fondés par des Berbères ibadites entre 1012 et 1350, le long d’un oued. Ces Berbères, de rite musulman ibadite, prendront le nom de Mozabites (ou M’zabi) en référence à l’oued M’zab. Deux autres villes seront ensuite rattachées à la pentapole : Berriane et Guerrara situées respectivement à 50 et 100 km de Ghardaïa et dont une partie de la population est d’origine arabe.
Adaptée à l’environnement, l’architecture du M’Zab a été conçue pour la vie en communauté, tout en respectant les structures familiales. Ses cités ont pratiquement conservé le même mode d'habitat et les mêmes techniques de construction, commandées par un contexte social et culturel spécifique ainsi que par la nécessité d'une adaptation à un milieu hostile, dont le choix répondait à une nécessité historique de repli et un impératif de défense. Chacune des cités est entourée de murailles. De loin est visible le minaret de la mosquée qui fait aussi fonction de tour de guet. La mosquée constitue le dernier bastion de la résistance en cas de siège. Autour de ce bâtiment essentiel à la vie communautaire, s'organisent des maisons disposées en cercles concentriques jusqu'au rempart. Chaque maison constitue une cellule cubique illustrant une organisation sociale égalitaire fondée sur le respect de la structure familiale dont elle s'attache à préserver l'intimité et l'autonomie.
«Rien dans l’apparence extérieure des maisons ne devrait marquer les différences de fortune, le riche ne devait pas écraser le pauvre. Cette absence d’ostentation (…) faisait qu’aucune maison ne tranchait sur les autres par sa grandeur ni son style, le riche et le pauvre disposaient des maisons semblables d’où toute décoration était proscrite», ont écrit Donnadieu et Didillon dans l’ouvrage Habiter le désert, la maison mozabite (Pierre Mardaga éditeur-Bruxelles), cités dans le livre Le M’zab de Smaïl Benhassir et Hocine Seddiki (éditions Al Bayazin), paru dernièrement à Alger.
Les Mozabites ont ainsi créé avec les matériaux locaux, une architecture originale qui, par son adaptation au milieu et par la simplicité de ses formes, garde une valeur d'exemple et d'enseignement pour l'architecture et l'urbanisme contemporains.
Ce modèle d'habitat a exercé une influence considérable sur l'architecture et l'urbanisme y compris sur les architectes et urbanistes du XXe siècle, comme Le Corbusier, Fernand Pouillon et André Raverau.
Le Corbusier a dit : «Quand je manque d’inspiration, je prends un billet pour le M’zab.»
K. B.

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