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7/22/2014

La tradition de la guerba (outre en peau de chèvre).








Les habitants de la wilaya de Tissemsilt restent attachés à la traditionnelle »guerba » (outre en peau de chèvre) pour étancher leur soif, en ces temps de grandes chaleurs, en dépit de la disponibilité, dans tous les foyers, d’équipements de froid et de réfrigération.
Qu’ils résident dans les zones rurales ou dans les grandes agglomérations de la wilaya, les habitants de Tissemsilt ne peuvent se passer de la « guerba » qui a toujours fait partie des »équipements » domestiques indispensables dans tous les foyers.
La »guerba » est partout présente. Elle est accrochée à une poutre, à proximité de l’entrée principale de la maison, dans la cuisine ou dans la cour ou le patio. Elle est toujours à portée des main, prête à assouvir toutes les soifs, notamment en cette période de grandes canicules. La vieille hadja Meriem, habitant le centre rural d’Ouled Youcef, dans la commune de Tissemsilt, passe pour l’une des spécialistes dans la fabrication de ces outres, faites spécialement en peau de chèvre.
»Le choix de la peau de chèvre est très important, car ses longs poils servent à retenir l’eau et lui donnent toute la fraîcheur voulue, même dans le cas de fortes chaleurs », explique-t-elle. Fabriquer une »guerba » est un travail de longue haleine. La préparation d’une peau dure en moyenne deux mois, selon hadja Meriem.
Elle précise que tout ce travail se fait manuellement : il fait bien laver la peau, la débarrasser de toutes les impuretés, puis fermer toutes les ouvertures pour n’en laisser qu’une à partir de laquelle on la remplit d’eau et on déguste le précieux liquide frais.
Hadja Meriem souligne que l’intérieur de l’outre doit être enduit de gatrane, une préparation à base d’huile de cade essentiellement qui donne à l’eau toute sa fraîcheur et ce goût amère unique et permanent.
»L’eau, ainsi aseptisée, reste potable pendant plusieurs jours et se caractérise par une saveur particulière. On préfère cette eau plus que les autres disponibles sur le marché. Il suffit de mouiller de temps en temps l’outre pour qu’elle garde toute la fraîcheur de son contenu », explique cette octogénaire.
Nombreux sont les habitants de la région à considérer l’eau de la »guerba » comme »unique en son genre » et »savoureuse ». Que ce soit dans les localités d’Amari, de Sidi Abed, de Béni Lahcen, d’Ouled Bessam, de Khémisti ou encore à Laayoune et Maasim, le même attrait pour la »guerba » est perceptible chez l’habitant. M’hamed, quinquagénaire, natif de la localité de Amari, avoue être un consommateur invétéré de l’eau de la »guerba ». Il garde jalousement une vieille outre, héritée de sa défunte mère. »Je ne peux boire que l’eau provenant de la guerba même si je dispose chez moi d’un réfrigérateur », indique-t-il.
Un autre habitant du village de Salmana, dans la commune de Layoune rappelle que chaque famille dispose de sa »guerba » qu’elle accroche au mur extérieur de la maison pour permettre au visiteur ou à la personne de passage de boire une eau fraîche à tout moment. Pour perpétuer cette tradition ancestrale, la chambre de l’artisanat et des métiers £uvre à valoriser la fabrication de l’outre traditionnelle, en encourageant les femmes rurales notamment, à fabriquer à »l’ancienne » ce produit et ce, par l’octroi de micro crédits pour l’acquisition des matières premières, selon le directeur de cet organisme, M. Ali Bouhamid.
Les habitants de l’Ouarsenis restent attachés à cette tradition ancestrale comme pour résister à « l’invasion » de la modernisation qui a mis en péril les us et coutumes de la région.

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